Le Grand Cormoran, un voilier marin parfois envahissant

C’est un oiseau noir mais ce n’est ni un corbeau, ni une corneille. Son envergure moyenne de 1m50 le rapproche des grands rapaces mais ce n’est pas non plus cela.

Non, lui, c’est le Grand Cormoran ou plutôt devrait-on dire Phalacrocorax carbo pour respecter le travail de classification des zoologistes.

On le trouve sur tous les continents et on en compte entre 5 et 8 sous-espèces.

Sa grande prolificité et son omniprésence lui valent le surnom de Cormoran Commun.

Une morphologie tout en noir

Une taille de 90 cm et une envergure de 1 m 50 ne lui permettent pas de passer inaperçu malgré sa couleur noire quasi-uniforme, du moins hors saison de reproduction car il arbore à ce moment-là deux taches blanches bien caractéristiques en haut des cuisses.

Seul tranche son bec de couleur beige à gris clair rehaussé d’une tache jaune située à la commissure des lèvres car même ses pattes palmées de nageur sont noires.

Et ne vous attendez pas à distinguer les mâles de ces dames car il n’existe aucun dimorphisme sexuel en dehors de la taille … mais bon, pour l’évaluer en vol ce n’est pas hyper-simple !

Si vous cherchez un Grand Cormoran qui ne soit pas aussi sombre, tournez-vous vers les plus jeunes car les sujets immatures ont un ramage plus clair avec le ventre et la poitrine blancs.

Un bon plongeur pressé car mal équipé

Regardez-le voler, cou étendu, et admirez la puissance de son battement d’ailes. Cette énergie et sa taille massive lui permettent de plonger aisément à 10 m voire à 30 m de profondeur en cas de besoin. Si l’absence de glande uropygienne ne lui permet pas d’imperméabiliser son pelage, limitant ainsi l’immersion à une petite minute, il aime toutefois nager en semi-immersion, à la manière d’un sous-marin avec son long cou en guise de périscope.

Ses proies sont essentiellement des poissons dont le poids peut excéder les 3 livres et sa puissance l’autorise à plonger directement depuis la surface sans être tenu d’effectuer un plongeon en chute libre. Les cristallins déformables de ses yeux lui assurent une excellente vision aquatique.

Son pelage non imperméabilisé lui impose en retour de longues heures de séchage, ailes déployées dans une posture bien caractéristique en étendard. Cette attitude pourrait selon certains avoir un rôle social et intervenir aussi dans l’efficacité de la digestion.

Le Grand Cormoran est un oiseau sociable

Même s’il pêche souvent seul, le Grand Cormoran est un oiseau qui se plaît à vivre en communauté. Son comportement devient même carrément grégaire en période de nidification, avec des colonies qui peuvent atteindre jusqu’à 500 couples.

3 à 4 œufs seront incubés pendant environ un mois avant que les deux parents ne se chargent de l’alimentation des oisillons. Le nid fait de branchages, mais aussi d’algues et de plumes, est en général reconstruit chaque année au même endroit par des couples très fidèles.

Le Grand Cormoran atteint sa maturité sexuelle aux alentours de 3 ans et peut vivre une douzaine d’années, un individu bagué ayant même été retrouvé mort après un parcours de 23 ans et quelques mois sur notre terre.

Répartition et survie de l’espèce

Comme indiqué dans l’introduction de cet article, le Grand Cormoran se retrouve sur tous les continents du globe terrestre, avec de fortes disparités selon les sous-espèces considérées. Cet oiseau peut être sédentaire ou migrateur selon son lieu de vie, seules les espèces les plus septentrionales migrant systématiquement ; d’autres comme les populations australiennes ne migrent qu’en fonction d’événements climatiques exceptionnels.

Le Grand Cormoran est susceptible de produire d’importants dégâts dans les arbres et vis-à-vis des stocks de poissons d’où une persécution soutenue de la part des hommes, sans compter un emploi culinaire en tant que gibier, en Iran par exemple.

Aujourd’hui, les populations sont bien stabilisées en effectifs grâce à des mesures de protection adoptées notamment en Europe. Parfois, des autorisations de tir sont accordées en Europe centrale à cause des dégâts infligés aux rivières (bien qu’il s’agisse d’oiseaux marins) et à la pisciculture.