Le rouge-gorge

C’est surtout en hiver que le rouge-gorge vient dans les jardins des villes et des villages. À la belle saison il habite les bois et les forêts ou le bocage. Dans certaines régions, les rouges-gorges restent toute l’année près de l’homme. Ce petit oiseau passe la nuit dans un buisson touffu, un lierre, parfois dans un nichoir. En dehors de la saison de reproduction, il peut dormir en petits groupes.

S’il fallait décerner à l’un de nos oiseaux une palme d’aimable familiarité, à qui conviendrait-elle mieux qu’au rouge-gorge ? La silhouette rondelette et vive sautillant sur les feuilles mortes en quête de vermisseaux est bien connue des promeneurs, qui ne manquent pas de remarquer la présence de cette petite boule plastronnée de roux vif. Et cette façon espiègle de venir vous saluer en vous dévisageant de son œil noir force la sympathie.

De telles manières ne sont pas désintéressées : maniez un râteau, et le rouge-gorge sera tout empressé à vous rendre visite, puis, enhardi mais insaisissable, profitera de l’aubaine, c’est-à-dire des insectes que vous aurez découverts sous les feuilles mortes.

En fait, le rouge-gorge cache bien son jeu car son mauvais caractère pourrait nuire à l’amitié que nous lui portons. Mais admirons l’énergie qu’il déploie une si petite bête dans la lutte pour la vie. Chez lui, le rouge est un signal d’alarme, alors que chez les rouges-queues la couleur de leur queue n’est qu’un mode primitif de reconnaissance.

La vue d’une autre gorge rousse provoque chez le rouge-gorge une série de mimiques d’intimidation qui vont en s’accentuant jusqu’à la fuite d’un des protagonistes, le plus souvent avant la lutte. Le chant, admirable mélodie aux sonorités pleines, indique le territoire et prévient les conflits.

Territoire

Le rouge-gorge défend un territoire à longueur d’année, sauf durant la mue et si l’hiver est très froid. À cette dernière saison, les femelles occupent et défendent aussi un territoire. Celui-ci leur est nécessaire pour garantir une source suffisante de nourriture.

Un rouge-gorge sans territoire meurt au bout de quelques semaines. C’est pourquoi cet espace est défendu avec une telle énergie. En général, il suffit que le propriétaire exhibe son plastron rouge pour que l’intrus recule, mais il peut arriver que la bataille s’engage et les combats s’achèvent parfois par la mort de l’un des adversaires.

Voix
Le rouge-gorge chante toute l’année sauf en été. En hiver les deux sexes défendent chacun un territoire en chantant. Chaque rouge-gorge a des centaines de phrases différentes. les cris d’alarme sont des tic tic répétés et des siii fins et soupirés.

Régime

Le rouge-gorge mange surtout des invertébrés vivant par terre – insectes, notamment des coléoptères, escargots, vers, araignées. De l’automne au début du printemps, il consomme aussi beaucoup de baies et autres petits fruits.

Sa technique de chasse est bien adaptée au mélange de végétation épaisse et d’espaces libres que l’on trouve dans les jardins et les sous-bois. Perché à faible hauteur, l’oiseau observe les environs, descend, saisit sa proie et se perche à nouveau. Ou bien, il sautille, s’arrêtant ici et là pour chercher une victime.

En forêt, le rouge-gorge profite des insectes dérangés par les faisans, cerfs et sangliers. C’est peut-être pour cela qu’il est si familier et suit le jardinier en train de bêcher. On a vu aussi des rouges-gorges suivre des taupes creusant leurs galeries et s’emparer des vers qui fuyaient à la surface.

Nidification

Les rouges-gorges s’accouplent dès décembre et en général la femelle rejoint le mâle dans son territoire. La nidification est plus précoce si l’oiseau est bien nourri – d’où l’importance du nourrissage hivernal.

Le nid, en mousse et feuilles mortes, placé sur un soubassement de feuilles, se trouve au creux d’un arbre, dans la cavité d’un vieux mur, voire une boîte aux lettres.